J’ignore comment tu m’as choisi, ce qui t’a plu en moi, et ce que tu m’as trouvé de plus, mais je devais cocher quelques cases dans la liste de tes exigences pour que tu me prennes par le bras et m’entraîne dans notre aventure. Dans le catalogue infini des possibilités, c’est moi que tu as voulu. Si j’étais plus accessible, si j’étais le choix le moins mauvais, si je remplissais le vide laissé par un autre ? Peut-être. Je n’ai pas de moi-même une si haute opinion : je n’ai rien d’irrésistible. Tout juste dans la moyenne, et quelques défauts que je sais cacher un peu mais qui se découvrent vite à l’usage. Tu aurais pu me jeter pour ça. Je soigne mon apparence, c’est vrai. Je tiens des conversations plaisantes, et je fais bonne figure en société, semblant m’intéresser aux autres, et disposant souvent d’une anecdote amusante. Cela t’a peut-être suffi.
Le pyjama doit être un vêtement confortable. Le choix de Cédric me paraît bon, son ampleur devrait empêcher les serrements inopinés qui freinent la libre circulation du sang. Le coton produit en Afrique contribue à améliorer l’économie du continent voisin en espérant que sa culture ne détruit pas trop la biodiversité naturelle et n’entre pas en conflit avec le développement des productions alimentaires de base pour le pays concerné.
Par contre la table de chevet riquiqui de Cédric est surprenante. Elle permet à peine de supporter en équilibre instable le bon livre « de chevet », une tasse et crayon pour noter les idées qui viennent la nuit. Il manque le papier pour écrire ce qui passe par la tête et un réveil pour contrôler le temps qui passe. L’idéal est un réveil mécanique qui certes doit être remonté chaque jour, mais qui rythme la nuit de son battement lancinant. Bonne nuit Cédric et continue ta vie de célibataire qui semble bien te convenir.