Le pire n’est jamais sûr. Je compte sur vous pour qu’elle aille mariner en enfer, qu’elle retourne à ses études, qu’elle disparaisse du paysage, et surtout qu’elle plie bagage. Ses derniers jours dans les parages ; et qu’on n’en parle plus. Qu’on la chasse et que chacun fasse bien ce qu’il a à faire pour que la situation ne se reproduise jamais. Comment on en est arrivés là, ce qu’on a laissé dire, ce qu’on a laissé faire, comme on a laissé la nuit nous entourer alors qu’on aurait pu bien avant porter haut les lumières… il sera toujours temps d’en discuter, mais d’abord la mettre à la porte d’un coup sec. L’heure n’est pas à l’hésitation, le moment de regarder ailleurs n’est pas venu. Personne ne mérite qu’elle reste à roder, la bête immonde, qu’il continue de creuser son sillon autour de nos maisons, le gibier faisandé, qu’il fasse son nid pour de bon dans nos plafonds, le frelon. L’heure de se débarrasser des vampires est venue.
Le moine Anselme grelotte à Canterbury. Assis devant son projet de traité, il regrette son Aoste natal, cette Italie où il faisait si bon vivre. Sur sa table de travail, un pot d’ail pour combattre son rhume. Il se souvient que sa mère en avait toujours dans sa cuisine. Et puis l’ail, ça éloigne les vampires. Dans la partie interdite aux moines de la bibliothèque du couvent, il a compulsé un grimoire sur le sujet. Maintenant il a peur, peur des vampires, peur d’en parler à son confesseur. Mais il revient à son traité de Monologie. Il vient d’inventer la circumincession qui sera reconnue plusieurs centaines d’années plus tard par un Concile. Dieu en même temps une seule personne et trois personnes. De quoi y perdre son latin et sa raison.