2 août – Julianne

Debout dans le petit tramway de Lisbonne, on avalait en trois bouchées le pastel de Belém, et c’était comme un bout de paradis qui fondait sous le palais dans les cahots. Le souvenir s’est accroché pour toujours comme la main de Félix à ma taille. Le moment était délicieux, j’aurais aimé qu’il m’embrasse. Il a retiré sa main. Quoi ? Le monde était à quelques centimètres de basculer et j’aurais partagé avec lui le dernier pastel du sachet de papier. C’était il y a vingt ans. Les vacances se terminaient le lendemain et il n’a jamais donné la moindre nouvelle. Nous avions 18 ans. Et j’ai pour la vie la nostalgie du pastel, la nostalgie de Lisbonne, la nostalgie de Belém. Je pleure au moindre fado et je regrette de ne pas avoir forcé le destin. Nous habiterions ensemble, nos enfants commenceraient à être grands, et, tous les trois ou quatre ans, nous reviendrions à Lisbonne. Je n’y ai jamais remis les pieds.

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