14 janvier – Nina

On n’est pas des moutons. On voudrait pas. Moi, j’ai toujours voulu être la bergère, et qu’un prince doux et fort à la fois arrive et me transforme en princesse au milieu des fleurs. C’est comme cela que les choses devaient se passer. Et puis non. On finit du côté du troupeau, et les princes n’existent pas. Longtemps qu’ils se sont transformés en crapauds. Voilà. C’est la réalité. C’est pas terrible. La merde, même, on dirait. Pourquoi est-ce qu’on vend du rêve aux petites filles ? Des princes charmants doux et forts, et des « ils eurent beaucoup d’enfants ». Tu parles d’un piège. Les princesses se font culbuter dans les fourrés et restent avec les mômes sur les bras. Et ça braille et ça chiale et il faut bien se démerder avec ça toute seule. Les rêves, on finit par se torcher avec, et c’est tout ce que ça mérite.

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