C’est 23 ans d’amitié et un volume de correspondance. Une chose que j’aimerais tant avoir, avec quelqu’un, cette amitié et cette correspondance. Mais qui écrit encore ?
Elle a publié sept romans de 1950 à 1962. Faudrait-il y jeter un œil ?
J’aime leur correspondance, publiée chez Plon en 1999, trouvée chez un bouquiniste.
Tout ça pour contextualiser un peu ce passage d’une lettre de Vialatte de novembre 1958 :
« J’ai honte de parler de moi. C’est une habitude de solitaire.
Elle me fait peur. Je finis par me prendre pour un monstre ou pour une victime. Un monstre si j’en suis là par ma faute, une victime si c’est par la faute des autres. Et personne pour mettre ma vision au point. C’est pourtant chose très importante si je veux me conduire correctement. Je ne suis plus qu’un orycterope : je vis en ermite dans mon trou, et je sors la nuit pour manger des bêtes molles.
Mais vous, Ferny? Dites-moi quelque chose. Faites-moi un signe. Je ne sais où je vais sur mon bateau. J’ai besoin d’un mouchoir qui s’agite sur la jetée. Je suis comme un point sur un plan, dont les coordonnées s’effacent. Les coordonnées : mes parents, mon frère, Pourrat, l’Auvergne, l’Allemagne, l’Egypte, cinquante ans de souvenirs stables, qui deviennent flous à force de s’user, d’avoir servi; de ne plus pouvoir ; d’être vus toujours du même point (quand on se remue beaucoup, on distingue mieux, on perçoit mieux ce qui reste immobile). Ferny dites-moi quelque chose. Je ne sais plus ou j’en suis, ce que je vaux, ce que je dois faire, ce que je peux, ce qu’il faut, ce qu’il ne faut pas. »
À qui peut-on chacun écrire de pareilles choses ?
