Le cabaret fermé où dansent les papiers gras
Poussés par un ventilateur jamais éteint
Qui mixe l’air rance pour l’éternité
Le cabaret isolé où chantent les portes saloon
Qui grincent sur leurs gonds
Rouillés par la condensation des alcools oubliés
Le cabaret condamné
Entrée obturée par des parpaings de peine
Sortie de secours scellée au plomb des douleurs oubliées
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Nous y avons tout échangé
Des regards
Des mots
Des baisers
Nos destins
Nous ne les avons pas entendus fermer
Nous n’avons rien vu du désert qui tombait sur la scène
Pris au piège des taffetas
Il ne nous fallait rien d’autre
Que l’autre
La poussière qui recouvrait les velours élimés
Protégeait nos tendresses
