Le plâtre a séché depuis longtemps, s’est fissuré, est tombé par plaques, a laissé apparaître de petites baguettes de bois, les lattis, et parfois de la paille. Au sol s’enfoncent par endroit les tomettes d’argile. La maison est mangées dans l’angle des pièces par un salpêtre qui poudroie.
Trop peu chauffée, trop peu aérée, trop longtemps renfermée l’hiver, dans l’ombre et le froid, elle laisse ses volets de bois s’écailler d’une année à l’autre, et se boucher les gouttières. Bientôt la façade se lézardera.
D’immenses toiles capturent la poussière et les quelques mouches qui s’aventurent au coin des plafonds sont digérées par des araignées affamées.
La maison a attendu, longtemps, que tu ouvres grand les portes et les fenêtres, que tu balayes et époussettes, que tu allumes le vieux poêle à bois. Rien de tel ne se produira plus.
Les livres garderont longtemps l’odeur humide des saisons passées. Des taches de moisissure festonnent leurs couvertures de cuir. Les pages dévorées par le temps effritent les mots en syllabes imprononçables.
Il n’y aura bientôt plus rien à raconter.
