Restons là, veux-tu ? Nous sommes bien. Tu n’es pas obligée de parler. J’aime la grâce de ton silence. Nous sommes là et c’est bien, assis dans la pente de la dune, face a la mer. Le soleil est presque couché. Je ne prends pas ta main. Je ne te regarde pas. Ton profil est flou, à la limite de mon champs de vision. Je ne passe pas mon bras autour de ton épaule. Tu as froid ? Tu veux ma veste ? J’ai une veste ? Peut-être un blouson, ou un chandail. Peut-être qu’on dit pull, maintenant. Tu veux mon pull ? Je ne te propose pas de t’approcher de moi pour que nous nous tenions chaud. Le sable est maintenant un peu humide. Il était presque brûlant, tu te souviens ? Quand nous nous sommes assis. Ne bougeons pas. Le soleil se couche. Tu n’as pas peur du noir ? Les premières étoiles vont apparaître. La nuit sera claire. Tu as la peau hâlée du milieu de l’été. Tu évites pourtant le soleil, mais on n’y peut rien : on bronze un peu. L’épiderme se cuivre. Ça te va bien. Tu n’es pas gênée, j’espère, si je te dis que ça te va bien. Tu es jolie, l’été. Plus que l’hiver. Les petites robes te vont, pas que tu aies les plus beaux genoux, mais la fraîcheur, la légèreté, ça, ça te va. J’aime celle qui dévoile un carré de ton dos, la ligne gracieuse de tes omoplates. Je peux te dire ça ? Je me souviens d’un soir où tu la portais. Je ne pouvais pas détacher les yeux de toi. Tu ne me voyais pas, mais ton dos m’hypnotisait. Ça te dérange que je te le dise ? Dis-le moi si ça te dérange. Je ne veux pas te déranger. Tu n’es pas obligée de me le dire. Tu as un joli regard. Quelque chose de vrai quand tu souris. Tu ne mens pas : tu es toute entière dans ton sourire. Tu as vu ? Le soleil est couché. Le ciel est rose encore, et la mer un charbon liquide qui oscille. C’est beau. J’adore ce moment. Tu aimes aussi ? On est bien. On peut rester. On pourrait rester toujours. Comme ça. Et il ne se passerait jamais plus rien. Ce serait formidable.
