Je ne cèderai pas et j’avancerai ma tête sous le bras s’il le faut, et rien ne m’arrêtera. Je remonterai jusqu’à la source et l’on applaudira mon miracle : je trouverai de l’huile, et je la rapporterai pour l’onction des beignets, des salades et des frites de pommes de terre maison. De l’huile pour la cuisine, les sauces, et la cuisson. Nous sommes arrivés à un point où ce qui nous semblait naturel et accessible devient héroïque, voire surnaturel. Trouver un litre d’huile comme le Graal ou l’eau bénite. Le litre d’huile comme l’ultime trésor, la dernière bouteille comme une coupe de feu en tête de gondole. Et qu’on me tranche la tête n’y changera rien : j’avancerai ma bouteille à la main, sans flancher, sans fierté, juste portée par cette force qui nous dépasse toutes et nous permet de remplir nos caddies alors même que le monde s’écroule. La nécessité absolue de nous procurer ce dont nous avons besoin.