
J’ai d’abord imaginé le lieu noir comme un endroit particulièrement sombre et chaque fois que j’ai lu dans un menu le filet de lieu noir, c’est l’inverse d’un filet de lumière que j’imaginais, et beaucoup moins bien comment cela pouvait se cuisiner à la crème ou en papillote, au vin blanc ou à la moutarde. Un filet de lieu noir, c’est ce qui s’échappe par la porte entrouverte d’une chambre close depuis longtemps sur ses secrets, un mystère qui pourrait s’agripper à ma gorge de ses deux mains blanches et glaciales. Un filet de lieu noir, c’est un cauchemar, une âme en peine, l’esprit maléfique d’un être torturé à la recherche d’un corps à hanter. Le filet de lieu noir, je dois bien avouer que je n’en mangerai jamais, quelles que soient ses qualités gustatives et son prix. Pour toujours, je préfère le cabillaud.