D’autres ont souffert déjà
Par où j’ai été blessé
Ne voit-on pas comment se répètent les schémas
Qui poussent à bout
Poussent dehors
Ouste !
Sans égard
D’autres souffriront encore
C’est la grande roue du malheur qui broie
Sans un regard
Pousse-toi
Cède la place
Écarte-toi
C’est la rudesse et la rigueur sans âme des bonnes consciences des organigrammes
On t’éjecte
On t’objecte
Dans le vide et le silence des actes administratifs
Dans la froideur des approximations légales
Dans l’indifférence technocratique qui lave les mains des bourreaux
On t’écrase
Dans le néant des règlements intérieurs
On n’est responsable de rien puisqu’on est désolé puisqu’on a fait le maximum
On a dû
On ne se cherche pas d’excuse
D’autres seront broyés par les mêmes
Encore
Comme d’autres ont déjà été écrasés
On fait ce qu’on doit et la fin justifie la violence feutrée des décisions
Soumets toi
Écrase toi
Surtout surtout ne dit rien
Ferme la et n’en ressors pas
Comme tous les autres
La longue chaîne des humiliés
La file courbée des rejetés
Celles et ceux qu’on ne salue même plus
À qui l’on n’a plus rien à dire et dont on n’entend ni les questions ni les cris
Les réprouvés
En haillons en guenilles
Léchant leurs plaies à l’ombre des docks abandonnés
Efflanqués comme les chiens sauvages
Pelés
Puants
À moitié morts
Traînant la patte
D’autres boiront au même caniveau de larmes
Chiens parmi les chiens
Fallait-il vraiment que vous alliez jusque-là ?