Site icon Sébastien Bailly

341 – fallait-il

D’autres ont souffert déjà

Par où j’ai été blessé

Ne voit-on pas comment se répètent les schémas

Qui poussent à bout

Poussent dehors

Ouste !

Sans égard

D’autres souffriront encore

C’est la grande roue du malheur qui broie

Sans un regard

Pousse-toi

Cède la place

Écarte-toi

C’est la rudesse et la rigueur sans âme des bonnes consciences des organigrammes

On t’éjecte

On t’objecte

Dans le vide et le silence des actes administratifs

Dans la froideur des approximations légales

Dans l’indifférence technocratique qui lave les mains des bourreaux

On t’écrase

Dans le néant des règlements intérieurs

On n’est responsable de rien puisqu’on est désolé puisqu’on a fait le maximum

On a dû

On ne se cherche pas d’excuse

D’autres seront broyés par les mêmes

Encore

Comme d’autres ont déjà été écrasés

On fait ce qu’on doit et la fin justifie la violence feutrée des décisions

Soumets toi

Écrase toi

Surtout surtout ne dit rien

Ferme la et n’en ressors pas

Comme tous les autres

La longue chaîne des humiliés

La file courbée des rejetés

Celles et ceux qu’on ne salue même plus

À qui l’on n’a plus rien à dire et dont on n’entend ni les questions ni les cris

Les réprouvés

En haillons en guenilles

Léchant leurs plaies à l’ombre des docks abandonnés

Efflanqués comme les chiens sauvages

Pelés

Puants

À moitié morts

Traînant la patte

D’autres boiront au même caniveau de larmes

Chiens parmi les chiens

Fallait-il vraiment que vous alliez jusque-là ?

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