Site icon Sébastien Bailly

9 avril – Dimitri

J’ai dans la poche de ma veste, protégée par une enveloppe, une photo de Nikita. Elle est sourire et regarde vers le ciel. Je l’ai laissée, là-bas, et je suis là, recroquevillé sous une pluie glaciale, les oreilles vrillées par le bruit des armes automatiques. Je ne sens plus mes pieds, et je sais que le prochain assaut sera peut-être le dernier. Je sais qu’au détour du prochain virage, une bouteille remplie d’essence s’écrasera sur mon casque et que les flammes brûleront la photo bien avant que je perde connaissance. Nikita fondue sur le coeur, j’agoniserai dans les cris de mes camarades hurlant leur douleur. Je n’entendrai pas la mienne, et juste ta voix, Nikita, ta voix qui disait « Reviens moi ». Et j’avais promis, promis de revenir, mais ce que tu ne sais pas Nikita, c’est que même si je reviens, même si je n’étais pas blessé, ce ne serait pas moi Nikita, ce ne sera plus jamais moi, devant toi. Celui qui a du partir ne reviendra pas. Je m’accroche à ton portrait pour ne pas me perdre tout à fait, mais je ne reviendrai pas.

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