Site icon Sébastien Bailly

381 – Oubliés

La coalition des médiocres a brûlé les terres jadis fécondes. Qu’ils restent dans la vacuité qu’ils méritent. Chacun y retourne à son heure, eux ne l’ont jamais quitté, ce quartier de brouillard, cette place de brume où ne se devinent que par intermittence leurs vagues silhouettes dégénérées. On les y laisse, grinçant leurs mélopées sans rythme, petits acrobates boitillants dont les sauts maladroits laissent indifférents les passants. Oubliés les saltimbanques fonctionnarisés qui se gargarisent de parapheurs gris comme leurs cœurs. Que la boue des terrains vague finisse de les engloutir : on ne risquera plus de les croiser inopinément. Si leur tronc dépasse encore de la surface, voilà longtemps déjà que leurs borborygmes n’ont plus la moindre signification. Personne ne se penche pour saisir leurs grimaces. Ils ne produisent plus que des gaz, sonores plus qu’odorants, et, parfois, quelques légers gargouillis de tuyauteries mal entretenues. Qui cela pourrait-il intéresser ? On ne les écoute pas plus qu’on ne les voit. Ce n’est qu’entre qu’ils arrivent à l’occasion de se convaincre de l’importance de leurs bras qui continuent de s’agiter. Pour le reste, on les as oubliés.

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