Site icon Sébastien Bailly

353 – Take care

J’ai pris soin de ne pas tout dire, pris soin parfois de me taire. J’ai pris soin de la parole, de la blessure des mots. J’ai pris soin ne pas marcher hors des sentiers. Et parfois, dans la boue, j’ai pris soin d’éclabousser le moins possible. J’ai maintenu l’écart. Et longtemps tenu bon. J’ai pris soin du silence. J’ai bercé les illusions qui braillaient. J’ai passé la pommade sur les esquarres. J’ai tendu la main aux nécessiteux, j’ai serré mon poing dans ma bouche pour ne pas hurler. J’ai cherché tous les moyens du dialogue. J’ai respecté les règles. J’ai ménagé dix fois les possibilités. Cent fois ouvert des portes. J’ai fait attention jusqu’au bout à ce qu’un retour soit toujours possible. J’ai ouvert mes bras aux bourreaux. J’ai tendu mon dos aux couteaux. J’ai crié lorsque j’étais seul. Jusqu’à l’insupportable. J’ai été payé de rancune. Lâché. Ecrasé. Broyé. Humilié plus encore.

Je me suis relevé. J’ai pris soin de mes mots. J’ai remonté des remparts et j’ai creusé des douves, hissé haut un donjon, renoncé aux portes ouvertes. J’ai noyé le chagrin. Étranglé la rancœur. Effacé tout espoir. Trouvé l’apaisement. J’ai fait ce que je croyais savoir-faire, au cœur même de la blessure la plus profonde, dont les ténèbres vous resteront impénétrables. J’ai dressé un mat et monté un drapeau. J’ai dit : regardez ce que vous n’avez pas su voir, ce que vous avez piétiné, ce qui était à portée.

Je me suis relevé. J’ai pris soin de moi. J’ai écrit. Comme toujours, il n’y a jamais eu d’autre issue. J’ai fait ce que je sais faire. Ce que vous n’avez pas voulu que je fasse, ce que vous n’avez pas voulu écouter.

Je sais que j’avais raison, et j’ai la liste de vos erreurs et des atrocités qui ont accompagné vos errements.

Je me suis relevé. Et vous êtes si petits que c’est à se demander comment vous avez pu faire autant de mal.

Quitter la version mobile