Site icon Sébastien Bailly

27 – Comme ça

L’homme avait des projets. Des réunions planifiées, des entretiens calés. L’homme savait où il allait, et pour y aller, il y allait. De rendez-vous au sommet en rencontres informelles. L’homme savait qu’on l’appellerait et qu’on lui demanderait son avis. Des tâches à accomplir, du travail à abattre. Des voyages professionnels et des notes de synthèse. Des événements à organiser, des programmes à planifier. Même une to-do list. Il devait répondre à des sollicitations, témoigner de son expérience, relire des courriers types et des compte-rendus de réunion. L’homme organisait son planning et calait des déjeuners sur le pouce. Il réservait des chambres d’hôtel et des billets de trains. L’homme prenait un verre de blanc en terrasse après une bonne journée de travail en picorant des pickles. Il discutait avec des gens passionnants et partageait ses interrogations avec des collègues bienveillants, constructifs, et parfois même amicaux. L’homme prenait la parole, participait aux débats. Il gardait parfois pour lui ses opinions pour ne pas blesser inutilement. Il savait rester positif. Il lisait des articles et en recommandait certains. L’homme suggérait des modifications et acceptait des suggestions. Il suivait des conseils comme il donnait des explications. Il avait des urgences, un programme pour la journée, des objectifs pour le trimestre, une vision à long terme, une stratégie d’ensemble. L’homme optimisait son temps pour gagner en efficacité. Il assistait à des formations. Il cherchait des créneaux disponibles. En caleçon dans son canapé devant la rediffusion d’un feuilleton policier allemand, la main dans un paquet de chips saveur poulet rôti, l’homme a une certitude : les choses ne devaient pas se passer comme ça.

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