Site icon Sébastien Bailly

Journal – 28

19/10/22
Le Catalogue 2022 continue d’égrainer ses entrées, jour après jours, le dispositif est rôdé. Ce pourrait être comme une respiration, c’est par quoi la journée commence. La ligne d’arrivée est visible : le 4 janvier je publierai le dernier texte, la dernière vidéo. Je pense que ce sera une libération, mais peut-être que cela me manquera. Se pose au moins deux questions : comment finir ? Mais cette question n’a peut-être pas de sens, ça ne peut pas finir, juste s’arrêter. Et qu’écrire après ? Parce qu’il va falloir. Il y a toujours le livre d’après, et cette fois plus que jamais. Si le premier livre est prêt, tout du deuxième est encore possible. Le Catalogue comme un intermède, et rien d’autre. Qu’écrire après le premier livre ? C’est difficile pour tous les écrivains, qu’il parait.

20/10/22
Fini de lire Les motifs de Laurent Mauvignier à la terrasse d’un café, un 19 octobre, en chemise, à Rouen. Ce qui est agréable n’est pas toujours bon signe. Ces entretiens sur l’écriture avec Pascaline David décidément importants. Il y aurait tout à commenter. Faisant particulièrement écho, ses propos sur les personnages. Les faire vivre. Je ne suis pas du tout sûr que ce soit important, que ce ne soit pas un piège, qu’on ne puisse pas raconter d’histoire sans personnage, ou en tout cas, sans personnage qu’on risque de confondre avec une personne pour peu qu’on y prête un peu attention. C’est un sujet vaste. Je ne suis pas sûr de vouloir vraiment créer des personnages, ni de bien savoir le faire. Il y a Mum Poher, et son narrateur, et quelques personnages secondaires. Mais est-ce que j’ai su creuser assez ? Est-ce que je l’ai seulement voulu ? Je ne crois pas. Il y a là de vraies questions d’écriture.

21/10/22
Je fais écrire. Toujours des ateliers en ligne, et ne jamais oublier l’investissement que cela représente pour les participantes et les participants de mettre leur écriture à l’épreuve. C’est parfois la première fois que leur texte est lu, et parfois, même si nous ne sommes que quelques-uns à lire, une angoisse du jugement. On ne doit pas juger pourtant chaque pas de qui entreprend d’avancer, ni son rythme, ni même sa direction. Tout au plus peut-on lui tendre la main pour l’aider à s’appuyer, au mieux, on l’accompagne sur quelques kilomètres le temps de prendre de l’assurance. C’est un peu gentillet ? C’est cependant exactement ça, la parenthèse de l’atelier d’écriture. Accompagner, puis regarder partir.

22/10/22
Dans une vidéo, Pierre Lemaitre dit « On a deux types de romans. Le roman qui va privilégier le personnage. Le roman qui va privilégier l’intrigue. » Et si ni l’un ni l’autre, si le roman pouvait, sans intrigue ni personnage, embarquer qui le lit tout aussi bien que s’il y avait intrigue et personnage. L’intrigue qui fausse l’idée qu’on se fait de la vie, qui ne se scénarise pas, le personnage en quoi l’on finit par transformer qui l’on croise. Non, ni intrigue, ni personnage. Pas qu’il ne se passe rien, pas qu’il n’y ait personne dans le roman, mais que ce ne soit pas là l’essentiel. Ce qui reste après qu’on a dit ça, c’est quoi ? Ne pas croire que ça n’a pas déjà été exploré, et comment ! Mais comment l’on avance dans cette voie.

24/10/22
Fêter dans deux jours la première année de ce journal. Il y a eu d’autres journaux avant, et celui-ci longtemps interrompu. Mais repris, et envie de continuer. Donc, quels que soient les soubresauts, un an de journal. Pour les autres, vu de loin, un an après, on est le même qu’un an avant. Pourtant cette année-ci, et je ne parle que de lecture-écriture, écriture surtout, aura été une année décisive, un tournant, un virage. Cela change tout, enfin, j’imaginais que cela changerait tout. Et peut-être que cela changera tout. Sur l’écriture à venir, et puis la légitimité sans doute. Mais savoir déjà que la suite remet tout en jeu et que c’est chaque fois partie remise.

25/10/22
Cela n’arrive pas tous les jours. Découvert hier un nouveau concept à creuser. Un diagnostic psychologique, une maladie de l’âme, un ressort qui pourrait définir un personnage et dont, ayant limité ma fréquentation de la psycho aux bases élémentaires, je n’avais jamais entendu parler, mais qui pourrait définir un personnage, sa trajectoire, son combat intérieur (oui, la question du personnage me travaille). L’anhédonie, l’incapacité à ressentir du plaisir, l’impression d’être là sans être là, de se sentir vide. Un symptôme classique de la dépression, mais qui pourrait exister sans elle. Bref, un monde qui s’ouvre. Reste à savoir qu’en faire.

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