Vous, je ne sais pas, mais moi, au début, je m’en servais pour signaler à mes amis ce que j’aimais, vraiment. Et puis avec le temps, je m’en suis servi pour signaler à mes amis des choses qu’ils pourraient aimer voir aussi. Et puis je me suis aperçu que mes amis étaient de moins en moins tenus au courant de ce que j’aimais par Facebook. Alors le j’ai moins j’aimé. Ah, oui, parce qu’avec le temps, je me suis mis à utiliser ce verbe « j’aimer ». Il se conjugue comme aimer, mais ne dit pas tout à fait la même chose. Je j’aime, tu j’aimes, il j’aime, nous j’aimons… J’eusse j’aimé. Pas jojo ? Mais efficace.
J’ai alors j’aimé des choses juste pour dire à ceux qui les avaient publiées que j’étais passé par là et que ça m’avait plu. Pour les remercier, en quelque sorte. Une façon de saluer, comme on lève son chapeau dans la rue en croisant une connaissance. Enfin, pour ceux qui ont un chapeau, et des connaissances.
Dernièrement, je me suis aperçu que mon usage du like avait encore changé. Je ne j’aime plus comme aux premiers temps. Je j’aime maintenant pour dire à Facebook, oui, merci, donne moi encore du contenu comme celui-là, ça m’intéresse. Mon J’aime n’est plus social, c’est devenu une façon de parler à l’Edgerank, l’algorithme de Facebook qui me présente telle ou telle publication et pas telle autre. Une façon de régler l’Edgerank. Plus rien d’amical, pas question de dire quoi que ce soit à qui que ce soit, juste une interaction avec la machine, pour la rendre un peu moins bête, un peu plus adaptée à mes attentes.
Je j’aime, mais je n’aime plus. Et c’est peut-être la plus grande erreur de Facebook. C’était un réseau social, et c’est devenu de la tuyauterie. J’ai un j’aime de plombier.