Site icon Sébastien Bailly

7 juin – Gilbert

Je me suis réveillé chez elle, ignorant son prénom ; elle ne connaissant pas le mien, et deux méthodes permettent de juger quelqu’un qui dort encore sans lui poser la moindre question. Sa bibliothèque, deux pauvres planches et trois livres défraichis qu’elle avait dû lire au lycée, et son frigo, vide également, sauf une paire de yaourts vanille au lait de brebis bio. Qui ne garde qu’un exemplaire de Madame Bovary entre un théâtre choisi de Corneille et une anthologie de la poésie classique ? Qui ne se nourrit que de yaourts, fussent-ils de brebis ? J’en avais assez vu et décidais de partir sans la réveiller, comme un malotru, un impoli, un goujat. Mais, quoi, si elle choisissait ses conquêtes comme ses livres ou ses yaourts, mieux valait fuir que risquer la comparaison. La fille de la nuit prochaine, peut-être, croulera sous les piles de littérature contemporaine et les andouillettes. Je lui proposerai de l’épouser.

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