Site icon Sébastien Bailly

28 mars – Jeanne-Marie

La première s’ouvre d’un coup de couteau sec et précis. J’appuie d’abord à la jointure de l’huître maintenue fermement, la lame s’enfonce et je tourne précisément pour couper le muscle qui retient les deux parties soudées. Jeter la première eau, poser l’huître dans le creux de l’assiette. Passer à la suivante. Naître en Bretagne, ouvrir sa première huître à quoi ? Douze ans ? Pas trop tôt, tu ne voudrais pas qu’elle s’ouvre la paume, disait la mère à mon père. Non, pas la paume, c’est vite fait et les hôpitaux sont envahis de touristes qui n’ont pas le coup de main et qui, au troisième verre de blanc et à la deuxième huître se fichent la lame dans la ligne de vie. Mauvaise idée. Je n’ai jamais hésité, jamais ripé, jamais dérapé. Une douzaine ? C’est trois minutes montre en main. J’ai fait la saison plus souvent qu’à mon tour à les ouvrir par douzaines pour les Parisiens prudents qui n’osaient se lancer dans l’aventure.

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