Site icon Sébastien Bailly

23 septembre – Constant

Tu mettrais ces vieilles pompes qui ne craignent rien, un ciré, et un pantalon assez épais, peut-être en velours côtelé, un peu élimé à l’entrejambe, mais assez épais, donc, pour résister aux ronces, et ce ne serait que marcher dans la forêt, un peu à l’écart des chemins, un peu après la pluie, et dans l’odeur des premières feuilles mortes, celles qui n’ont pas encore commencé à se transformer en humus : tu irais par détours et circonvolutions vers le coin à champignons que tu devines, un peu au nez, un peu à l’humidité ambiante, un peu par habitude, et que tu sais au pied des hêtres ou des grands chênes et pas loin des talus moussus, et ce sera là profusion de cèpes, ou de bolets, ou de trompettes de la mort, et tu saurais depuis l’enfance écarter les variétés dangereuses pour choisir avec délicatesse, d’un coup de couteau maîtrisé, les plus belles pièces que tu ne pourras d’empêcher de porter à ton nez avant de les poser avec le reste de la cueillette dans le panier d’osier réservé à ces jours-là.

Quitter la version mobile