6 avril – Perrine

Je suis déçue, souvent. Les choses ne tiennent pas leurs promesses, ni les gens. Ma déception est à la hauteur de l’espoir dont je suis capable. Comme on apprend, en vieillissant, je suis de moins en moins déçue. J’ai l’espoir plus raisonnable. Enfant, j’espérai le prince charmant, le « et ils eurent beaucoup d’enfant ». Je sais maintenant qu’une grossesse suffit bien, merci, et que le prince charmant n’existe pas, et heureusement. La vie, c’est autre chose. Le menu te fait miroiter un dessert de fête, et tu as dans l’assiette une vague crème au chocolat dans laquelle surnagent quelques bouts de carton humide entourant une vague boule insipide et blanchâtre. On dira que ce sont des profiteroles, et ça passera. Tu parles ! On m’en a déjà vendu des profiteroles, et la glace à la vanille, et le chocolat chaud, et la crème chantilly. C’était autre chose. Du temps où parfois, si on le choisissait bien, un chef tenait ses promesses en cuisine. Mais quoi, une barquette industrielle et posé dessus le mot profiteroles, c’est, dès qu’on la voit dans le catalogue, un pari intenable. On ne m’y prendra pas.

2 réflexions sur “6 avril – Perrine”

  1. Les industriels se lancent dans des expériences culinaires périlleuses. Comment réunir un petit choux légèrement croquant et cependant moelleux avec une crème onctueuse, le tout nappé d’un bon chocolat fondant ? L’enjeu est de taille. Le résultat risque fort de dévaloriser le rêve de profiteroles. Mieux vaut préparer un dessert simple mais maison ou encore garder en réserve de bons biscuits.

  2. François Bailly

    Ce matin en retournant dans ma chambre, le petit-déjeuner terminé, je suis assailli par l’odeur de printemps qui s’est insinuée par la fenêtre entrebâillée. Cette senteur fraîche et joyeuse, j’en garde la mémoire depuis qu’elle m’a émerveillée un jour de ma jeunesse sur le chemin de l’école. Elle n’est pas aisée à décrire avec des mots, et puis à quoi bon? C’est la sensation d’extrême légèreté qu’elle m’a procurée que je retrouve ce matin. C’est cette sensation qui me met en joie, qui me rend confiant dans l’avenir, qui chasse tous mes tracas. Elle est d’autant plus notable que je ne la ressens qu’une ou deux fois par décennie.
    Et cette expérience particulière m’en rappelle une autre: le plaisir de manger de parfaites profiteroles dans ma jeunesse. Depuis, plus jamais, je n’ai retrouvé ces alliances subtiles de goût , de textures et de températures sans être déçu. Sans ce premier souvenir olfactif déclenché par un printemps entêtant, je doute que l’autre me soit revenu justement en cet instant précis. Mystère des chemins impénétrables de la mémoire !

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