3 octobre – Blanche

La petite fille qui égratigne son genou sous sa jupe plissée peut supporter que ça pique un peu lorsqu’on la désinfecte. un peu d’eau oxygénée appliquée sur la plaie n’a jamais tué personne, et au moins elle sera tranquille. Non, je n’ai pas ces produits modernes qui promettent de supprimer les microbes en douceur. Comment peut-on laisser imaginer aux enfants qu’un produit qui ne pique pas pourrait les guérir ? Il y a une logique à souffrir lorsqu’on a été assez étourdi pour se faire mal alors qu’aucun jeu raisonnable ne peut provoquer de coupure, alors qu’aucune activité autorisée n’arrache ainsi la peau du genou. La petite fille aura dérapé en courant dans le gravier ou sauté de la balançoire. Ce n’est pas ce qu’il convient. Qu’elle reste comme on lui dit sagement à jouer à la poupée, à s’amuser à la dinette, ou même à lire un ouvrage qui lui inculque les valeurs qui lui permettront de tenir son rôle d’épouse, de mère, et de maîtresse de maison. Voilà ce qui convient. Et que ce genou blessé soit le dernier. Avec l’eau oxygénée, au moins, elle s’en souviendra.

1 réflexion sur “3 octobre – Blanche”

  1. De l’eau oxygénée, j’en appréciais la multitude de minuscules petites bulles qui se formaient au moment où je l’appliquais sur ma plaie. Mon sang devenait mousseux à ma grande satisfaction. Ce dégagement d’oxygène ainsi libéré me semblait un gage de sérieux comme les picotements qu’il provoquait. C’était sûr, j’allais vite être à l’abri d’infections en tous genres. Maintenant j’applique sur les plaies de mes petits-enfants un liquide insipide, incolore et inodore qui ne promet aucune réaction spectaculaire. Ce n’est pas ce produit qui leur donnera la curiosité de percer les secrets de la chimie. Les soignera-t-il au moins?

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